Archives départementales, Patrimoine

Archives vagabondes #5 Bataille pour Gondelour (Inde) Jacques Beynaguet de Saint-Pardoux (1753-1814)

Plan de la bataille de Gondelour , détail , 68 Dv 10/33 © AD11

Jacques Beynaguet de Saint-Pardoux rédigea sur plusieurs cahiers en papier divers récits de voyages et d'expéditions militaires. Certaines de ses notes, accompagnées de très beaux plans, relatent la bataille de Gondelour, port indien situé à 20 kilomètres au sud de Pondichéry, contre les Anglais, le 20 juin 1783.

Cette chronique vous est présentée dans la rubrique Archives vagabondes

Publié le

Jacques Beynaguet de Saint-Pardoux, lieutenant d’artillerie


Né à Riom, Jacques Beynaguet de Saint-Pardoux appartient à une famille bien implantée dans tout le Languedoc, de l’Auvergne à Toulouse en passant par Pennautier. Il fait ses études au collège de Sorèze. Il est alors particulièrement attiré par l’artillerie et le génie militaire. Il poursuit sa formation et devient lieutenant, affecté à Strasbourg, puis à Grenoble. Il voyage ensuite en Italie (1778-1779) et fait son «Grand Tour», comme il est commun à l’époque. Comme tout voyageur des Lumières, il s’intéresse aux musées, aux œuvres et aux sciences (botanique et géologie surtout). De retour en France, après avoir connu divers lieux d’affectation, il est en Bretagne lorsqu’il apprend qu’il doit participer à une mission à l’étranger, dont la destination lui est alors inconnue.

 

Départ pour l’Inde


Le départ de Brest pour l’Inde a lieu le 10 décembre 1781, mais il est stoppé par les Anglais. Un second départ a lieu le 11 février. C’est en mars 1783 que la flotte française arrive à Gondelour. Le moral de Jacques Beynaguet de Saint-Pardoux est alors en berne, il se sent loin de sa famille (son frère notamment, avec qui il correspond régulièrement) et se sent las de l’expédition à peine commencée. Il est cependant placé à la tête d’une division de quatre pièces d’artillerie pour la bataille. 

 

Récit de la bataille


Le document intitulé Rellation de la bataille pour Gondelour entre les François commandés par Monsieur de Bussi et les Anglais commandés par Monsieur Stuart (68 DV 9), relate les combats qui ont opposé Français et Anglais le 13 juin 1783. L’armée française compte alors « 4000 européens et 2000 noirs » ; l’armée anglaise « 7000 européens et 8000 noirs ». Les Anglais attaquèrent à trois reprises, furent repoussés et perdirent 1500 hommes. Les Français, quant à eux, perdirent 800 hommes. La bataille se déroula à la fois en mer et sur terre, les Français défendant âprement l’accès à la forteresse de Gondelour. La bataille se termina donc par une victoire française.
 

Retour en France


La compagnie de Beynaguet reste encore sur place après la fin des hostilités, mais, pour raisons de santé, celui-ci réussit à obtenir le droit de rentrer en France en octobre 1783 et arrive à Brest en avril 1784. Entre temps, il a été promu capitaine. À son retour, il est en congés et voyage entre Paris, Toulouse et Pennautier. En 1785, il est affecté à la manufacture d’armes de Saint-Etienne. Pendant les évènements révolutionnaires et les années qui suivent (1789-1791), il rejoint son régiment à Douai et effectue une partie de son service à Paris. Quelques années plus tard, il est envoyé en mission aux Pays-Bas et passe quelques mois en prison à Budapest (1794-1795). Libéré, il rentre à Paris. Il devient chef de bataillon en novembre 1795 et rejoint sa nouvelle affectation à Toulouse. 

Une retraite anticipée


L’année suivante, il décide de se marier et de mettre sa carrière militaire en pointillés. Il épouse alors Marie-Henriette d’Aurelle de Champetière à Pennautier. Il demande ensuite sa mise à la retraite anticipée (il n’a que 45 ans et la retraite militaire s’obtient à l’époque à 50 ans), ce qui déplait fortement à sa hiérarchie.  
Jacques Beynaguet de Saint-Pardoux vit alors une vie de notable audois (il est la deuxième fortune du département en 1797). Soucieux de faire rapatrier ses affaires à Pennautier, il s’engage ensuite dans un travail conséquent de classement de ses écrits (correspondances, carnets, récits de voyage, registres de comptes…).

Les archives de la famille Beynaguet de Saint-Pardoux


Les cahiers sur lesquels Jacques Beynaguet de Saint-Pardoux  rédigea ses récits de voyages et de batailles font partie des documents prêtés par la famille de Lorgeril (château de Pennautier)  pour être numérisés, ils ont rejoint la sous-série 68 DV. Ils complètent le fonds d’archives privées, déposé aux Archives départementales de l’Aude par cette même famille (124 J). 
La famille Beynaguet de Saint-Pardoux est entrée en possession du château de Pennautier par un legs familial, au milieu du XVIIIe siècle, et le cède, de la même manière, à la famille de Lorgeril au début du XXe siècle. L’époque de Jacques Beynaguet est très riche en termes d’archives, en comparaison des périodes précédentes et suivantes.

Bibliographie


Xavier de Saint Chamas, Le prisme de l’écrit. Vie et Indes de Jacques de Saint-Pardoux (1753-1814), Thèse de l’Ecole Nationale des Chartes, 2017, 2 tomes (2 J 1775/1 et 2)