Patrimoine, Archives départementales

Archives vagabondes #3 Jacques Pailhoux de Barbezan, major-général de la Louisiane (1715-1724)

2 E 122
AD11 2 E 122 © Archives départementales de l'Aude

Jacques Pailhoux de Barbezan naquit le 14 janvier 1678 à Saint-Chinian. Protestant cévenol repenti, il rejoignit la Louisiane en 1699, dix-sept ans après l’exploration de ce territoire par Cavelier de La Salle. Il fait partie de l’une des compagnies d’infanterie présentes alors en Louisiane. 

Cette chronique vous est présentée dans la rubrique Archives vagabondes

Publié le

La conquête de la Louisiane


      L’occupation de la Louisiane fut lente et difficile à cause du manque de ressources et des problèmes rencontrés par la colonie dès son origine. Elle commence réellement au début du XVIIIe siècle. En 1715, grâce à l’appui de Monsieur de Bienville, Lieutenant du Roi, Gouverneur et Commandant Général de la colonie, Jacques Pailhoux de Barbezan est nommé Aide-Major (il reçoit l’arrêt officiel en 1716). Les documents conservés nous informent sur ses missions. Ainsi, le 3 mai 1715, Bienville s’adresse à Pailhoux et lui demande de « partir avec un détachement de dix soldats et un interprète au tchicachaké » pour s’informer de la présence de trois Anglais venus de la Caroline « pour soulever les tchiacta nos alliés ».

Colonisation et peuplement de la Nouvelle-Orléans


      Le 31 décembre 1717, Jacques Pailhoux de Barbezan devient Major-Général de la Louisiane. En 1718, il travaille à la recherche et au défrichement de l’emplacement choisi pour établir la Nouvelle-Orléans, en hommage au Régent, duc d’Orléans. Les travaux commencèrent en mai 1718 sous la direction de Bienville, qui laissa ensuite le commandement à Pailhoux. Le défrichement progressa lentement en raison du faible nombre d’ouvriers présents. Des colons obtinrent peu à peu des concessions sur ces nouvelles terres conquises. Un problème surgit alors : celui de l’alimentation. De plus en plus de personnes arrivaient, mais les terres n’étaient pas encore en mesure de subvenir aux besoins alimentaires et les envois de vivres étaient insuffisants.

Difficultés de subsistance et traite négrière


      Un document nous alerte sur les difficultés de subsistance que connait la colonie et la mise en esclavage des populations locales : « Nous sommes contraints, Monsieur, par le manque de vivre de vous envoyer trente-deux pièces de nègres, scavoir sept nègres pièce d’inde, quatorze négresses, trois négrillons, cinq négrilles et deux enfants à la mamelle, dans l’espérance où nous sommes que vous aurez reçu une partie des grains que vous avez fait traitter ; imaginez-vous la peine que nous avons de voir périr de faim tous les jours quantité de ces gens-là ; il y a plus de huit jours qu’ils n’ont d’autre substance que les huitres, alliment qui n’est pas propre à remettre des nègres malades et exténués. […] Sy vous avez receu des grains nous vous prions, Monsieur, de nous envoyer par cette même occasion, le plus que vous pourez, étant icy dans la dernière extrémité et obligés de faire cuillir le peu de grain qui s’est trouvé dans l’habitation de M. de Bienville pour donner des vivres aux troupes seulement jusqu’à la fin de cette quinzaine. Jugez, Monsieur, de notre scituation qui suivant toutes les apparances, ne peut durer longtems […] »

Opérations menées contre les Natchez


      Les Natchez sont un peuple amérindien qui vivait dans la région de l'actuelle ville du même nom, dans le Mississippi. Les habitants de la Nouvelle-Orléans, découragés par les crues du fleuve, ont recherché des terres à l’abri des inondations. Ainsi, en 1716, on construit dans cette zone le « Fort Rosalie » et en 1720, une quarantaine de colons occupent des terres chez les Natchez.
      En octobre 1722, des troubles éclatèrent entre la tribu et les colons. C’est lors d’une discussion à propos du paiement de marchandises aux Français que deux Natchez furent grièvement blessés. S’ensuit alors plusieurs attentats, pillages et massacres de bêtes contre les colons. Jacques Pailhoux arriva de la Nouvelle-Orléans à la fin du mois de novembre 1722, avec une soixantaine d’hommes, mais il n’obtint aucun résultat.
      Vers 1730, les Natchez furent vaincus et dispersés. La plupart des survivants furent réduits en esclavage par les Français ou trouvèrent refuge parmi d'autres tribus, comme les Chicachas.

Retour en France de Jacques Pailhoux


       De nouvelles tentatives furent entreprises pour stopper les attaques des Natchez. Mais les opérations pâtirent d’un manque de vivres, d’une tactique hésitante et de négligences. Pailhoux fut sanctionné et, le 2 mai 1724, il donna sa démission de Major-Général au Conseil de la Louisiane. C’est ainsi que se termine la carrière coloniale de cet homme qui rentra alors en France, où il mourut deux années plus tard, et dont la saga américaine est connue grâce à la correspondance conservée par ses cousins, les Pailhoux de Cascastel.
 

Bibliographie

Giraud Marcel, Histoire de la Louisiane française, 4 tomes, Presses Universitaires de France, Paris, 1966.