Un objet hautement symbolique pour l'académicien des inscriptions et belles-lettres

Un objet hautement symbolique est venu enrichir le fonds des archives départementales de l’Aude, ce vendredi 9 février. Jean Guilaine, spécialiste de la protohistoire, professeur au Collège de France à la chaire "Civilisations de l’Europe au Néolithique et à l’Age du bronze" et membre de l’Institut - Académie des inscriptions et belles-lettres , a fait don de son épée d’académicien, qu'il a remise à la présidente du Département, Hélène Sandragné et la conseillère départementale déléguée à la culture, Maria Conquet, au cours d'une cérémonie organisée en l'honneur de l'archéologue.

"Il s’agit pour nous d’une soirée d’exception pour notre institution comme pour notre territoire, a confié la présidente. Après tout, ce n’est pas tous les quatre matins que l’on me propose de recevoir et conserver au sein de nos Archives départementales une épée d’académicien !"

Vous avez mis en lumière, presque sorti de terre, les indices, les prémices des bases et fondements de notre société actuelle.

S'adressant à Jean Guilaine, Hélène Sandragné est revenue longuement sur le parcours de l’archéologue, et sa contribution à l’enrichissement des connaissances sur la période dont il s’est fait le spécialiste : la protohistoire. "Vous avez, de par vos travaux et vos recherches, contribué à enrichir et éclairer notre compréhension d’un monde passé qui, à bien des égards, ressemble fortement au nôtre. En étudiant les évolutions complexes et lentes qui se sont produites principalement au néolithique, vous avez mis en lumière, presque sorti de terre, les indices, les prémices des bases et fondements de notre société actuelle : qu’il s’agisse de notre rapport à la terre, à l’agriculture et à l’élevage ; de notre conception de la propriété, du logement et de notre organisation spatiale et sociale ; ou bien encore de l’action de l’homme sur la nature, les paysages."

Spécialiste de la protohistoire, référence pour toute une génération de chercheurs

En fouillant le passé, Jean Guilaine a éclairé le présent de notre société, ouvrant une nouvelle voie pour toute une génération de chercheurs.  "Vos travaux ont éclairé et inspiré nombre d’étudiants, de chercheurs, de spécialistes ou simples curieux. Ils contribuent aujourd’hui à comprendre toute la complexité d’une période, d’un passé, mais sont utiles pour nous poser des questions existentielles qui tiennent à notre avenir. L’organisation de notre société, sa structuration économique et sociale, les inégalités qui en découlent comme notre rapport toujours questionné à la propriété. Mais aussi et surtout l’action de l’homme sur notre terre. Notre rapport à la nature. Les capacités et les limites physiques que notre planète peut encaisser face à l’ère désormais consacrée "Anthropocène". Jean Guilaine a été désigné académicien en 2011, devenant par la-même, au même titre que ses travaux désormais inscrits dans l’Histoire, immortel. L'épée qu'il a confiée aux archives départementales en est l'un des signes d'appartenance.

Une relation forte du Carcassonnais à sa terre natale ; la reconnaissance des Audois

Très attaché à sa terre natale, l'Aude, le Carcassonnais avait déjà fait don de sa correspondance et travaux aux archives départementales. "Cette épée que nous recevons ce soir symbolise et consacre l’ensemble de votre œuvre mais aussi cette relation particulière avec notre département, a poursuivi Hélène Sandragné. Une relation forte que vous avez toujours eu à cœur de conserver, de mettre en avant, au gré de vos déplacements et de vos interviews, qui participe à valoriser notre territoire, les femmes et les hommes qui y vivent. En cela je sais que les Audoises et les Audois vous en seront toujours reconnaissants."

Remerciant enfin Jean Guilaine pour sa "contribution inestimable à notre compréhension de l’histoire humaine et pour (son) lien indéfectible avec l’Aude", Hélène Sandragné a assuré prendre toute la mesure de ce que son don représente. "Aujourd’hui, c’est au Département et à sa direction des Archives reconnues pour leur professionnalisme que reviendra la tache immense de conserver votre épée, pour l’éternité. Nous avons pleinement conscience de l’acte ainsi que de sa portée."

La cérémonie a été suivie, dans la soirée, d’une rencontre-échanges avec Jean Guilaine et le public, venu en nombre pour l'évènement.