Les fonds et leur histoire

Les Archives départementales de l’Aude conservent près de 30 kilomètres linéaires de documents.

Provenant de sources publiques et privées, ils retracent l’histoire de notre territoire et de ses habitants.

Découvrez l’histoire particulière de ces fonds et de leur constitution.

L’ensemble des fonds anciens conservés aux Archives départementales de l’Aude provient des saisies effectuées sous la Révolution française.

L’essentiel est constitué des papiers des institutions administratives et judiciaires d’Ancien Régime supprimées, auxquels sont venus s’ajouter, au fur et à mesure des nationalisations, les archives des émigrés et des établissements religieux.

Malgré des pertes irrémédiables dues tant à l’incurie des hommes qu’aux destructions révolutionnaires, les fonds d’ancien régime demeurent d’une grande richesse.

Partie intégrante de l’ancienne province de Languedoc, progressivement mise en place aux XIVe et XVe siècles avec l’installation des Etats, les anciens pays d’Aude étaient répartis sous l’Ancien Régime entre trois sénéchaussées judiciaires (Carcassonne, Lauragais, Limoux), cinq diocèses civils (Carcassonne, Alet-Limoux, Mirepoix, Saint-Papoul, Narbonne) et cinq diocèses religieux (Alet, Carcassonne, Mirepoix, Narbonne, Saint-Papoul).

De l’époque médiévale, il ne reste qu’assez peu d’ensembles homogènes, à cause notamment des destructions révolutionnaires.

Les fonds des juridictions royales, seigneuriales ou consulaires, ne débutent ainsi qu’au XVIe, voire au XVIIe siècle et comportent de nombreuses lacunes.

Ceux des administrations civiles sont inégaux, mais recèlent malgré tout de riches collections documentaires, parmi lesquelles on peut signaler un ensemble de près de 600 compoix (anciennement, matrice cadastrale établi dans chaque diocèse du Languedoc au XVIIe siècle).

Les archives des anciens établissements d’enseignement sont elles aussi très lacunaires.

Enfin, parmi celles du clergé, régulier et séculier, seuls les très beaux fonds médiévaux et modernes de l’abbaye bénédictine de Lagrasse (depuis le VIIIe siècle) et du couvent dominicain de Prouille (depuis le XIIIe siècle), sont parvenus jusqu’à nous de façon substantielle.

A ces fonds institutionnels s’ajoutent quelques papiers d’émigrés ou de condamnés, en petit nombre et de valeur diverse.

Les archives publiques des diverses administrations, ayant exercé leur action du Consulat à 1940 (séries modernes), puis de la fin de la Troisième République à nos jours (série W), constituent un ensemble documentaire particulièrement important pour l’histoire départementale.

Au sein de ces multiples fonds, il convient notamment de signaler les archives abondantes et variées des services préfectoraux (série M), des services fiscaux (séries P, Pw, Q et Qw), des Ponts-et-Chaussées (séries S et Sw), de l’Inspection académique (série T) et des juridictions départementales (série U).

Là encore, certaines lacunes sont malheureusement à regretter, comme celles touchant par exemple d’anciennes justices de paix, des écoles ou des sous-préfectures (série Z).

Relativement peu abondants dans la première moitié du XIXe siècle, les documents deviennent plus fournis à partir de la Monarchie de Juillet et du Second Empire, et souvent volumineux dès les années 1880-1890.

Tous les aspects de la vie départementale à ces époques y sont largement évoqués. Parmi ces dossiers, les liasses de la sous-série 2 O (affaires communales) représentent ainsi une source indispensable pour restituer l’évolution des communes, grandes et petites, durant près de deux siècles.

A côté des archives publiques, de nombreux documents privés, regroupés dans la série J, sont entrés dans les collections depuis l’Entre-Deux-Guerres. Parmi eux, on trouve des dossiers ou collections d’érudits locaux (Cals, Baichère, Mot, Euzet, …), des papiers d’hommes politiques (Albert Sarraut, abbé Gau, Francis Vals, Raymond Courrière), de scientifiques (Jacques Ruffié, Jean Guilaine, …), d’artistes (Jean Deschamps, …), d’architectes (Teppe, Castella, …), de personnalités hors du commun comme Henry de Monfreid ; mais aussi des archives familiales, dont celles constituées par d’anciens chartriers seigneuriaux (de Montesquieu-Roquefort, d’Hautpoul, de Lorgeril, de Voisins, de Nègre), des archives d’entreprises (cave coopérative de Leucate, domaine de Céleyran, manufacture de draps de Sainte-Colombe-sur-l’Hers, …), d’associations (Ciné-Club de Carcassonne, Spéléo-Club de l’Aude, AS Carcassonne XIII, …) et de paroisses.

En outre, le regroupement de pièces isolées ou de petits fonds (sous-série 3 J) recèle également des trésors, comme le Cartulaire de la Charité de Narbonne (XIIIe siècle) ou les textes et dessins réalisés par les écoliers de Tournissan durant l’Occupation (1942-1944).

Retrouvez les inventaires de cette série particulière sur cette page

Considérablement augmentées depuis une trentaine d’années grâce aux versements réalisés par les études, les minutes notariales, archives publiques depuis la loi de 1979, constituent une énorme masse documentaire de plus de 21 000 registres ou liasses.

Les documents les plus anciens datent de la fin du XIVe siècle et les plus récents des années 1940. Seules les minutes ayant plus de 75 ans sont versées dans les collections départementales, les autres sont toujours conservées dans les différentes études à travers le territoire audois.

Particulièrement précieuses pour les généalogistes, elles constituent aussi une référence incontournable en matière de droit de la propriété et de recherches foncières.

Depuis 1970, les communes de moins de 2000 habitants ont la possibilité de déposer aux Archives départementales leurs documents de plus de cent ans.

Dans l’Aude, département comptant bon nombre de toutes petites communes, cette mesure s’est largement appliquée depuis cette époque et continue encore aujourd’hui à générer des transferts de documents, dans un but de classement et de sauvegarde.

Bon nombre de communes, dont certaines villes plus importantes (Carcassonne, Limoux), ont ainsi décidé de nous confier tout ou partie de leurs archives anciennes.

A côté de certains fonds, riches et variés où se côtoient parchemins, plans et registres ornés, on trouve aussi des ensembles plus modestes où figurent seulement les principaux documents produits par la gestion scrupuleuse de la communauté d’habitants à travers les siècles : délibérations du conseil, registres paroissiaux et d’état civil, compoix et cadastres.

« Les Archives départementales, formées en 1790 dans les chefs-lieux des préfectures actuelles, constituent un vaste et magnifique ensemble de documents authentiques, comparable en richesse et de beaucoup supérieur en nombre à l’important dépôt des Archives Centrales de l’Empire » - Victor de Persigny, ministre de l’Intérieur de Napoléon III, 1863.