De nos jours, le nautisme en France regroupe de multiples activités de navigation de loisir et sport sur l'eau, de la navigation de plaisance à la voile ou au moteur, en passant par la pratique de l’aviron ou du canoë-kayak jusqu’au moderne kitesurf.

Le littoral audois, comme le reste du territoire, n’a vu apparaitre ces pratiques qu’à la fin du XIXe et au début du XXe siècles, alors que la mer, de milieu hostile avec lequel l’homme devait composer pour sa subsistance et ses déplacements, devenait un milieu apprivoisé propice aux activités de loisir.

C’est en 1906 que les premiers « nauticards » -du nom du site de La Nautique sur la rive nord de l’étang de Bages- découvrent le monde de la mer auprès des pêcheurs, avec leurs barques, bettes et bétous, à voile, à rame ou à partègue. En 1907 est créée la Société nautique de Narbonne (SNN), à but non lucratif. De cette date à nos jours la SNN aura pour but, selon les premiers statuts, « 1. d’encourager et de développer le goût des exercices nautiques et par suite celui de la navigation ; 2. de provoquer l’émulation parmi les membres par des régates et des croisières ; 3. d’encourager le progrès dans la construction des yachts et embarcations. » 

Si à la fin du XIXe siècle l’étang est déjà fréquenté pour la baignade, un peu de voile et la promenade à pied ou en vélo, l’emplacement de ce qui va devenir la Nautique n’est qu’une vaste roselière (senilhade) infestée de moustiques et exploitée par les pêcheurs pour compléter leurs revenus. Le premier acte des nauticards en 1907 est la création d’un port susceptible d’accueillir les voiliers. Rapidement ce dernier s’aménage : un premier bassin de 30 m par 14 m est creusé, et parallèlement la Cité nautique et ses maisonnettes sont construites sur les terrains concédés par les autorités.

Après les soubresauts de la crise viticole de 1907, la SNN organise ses premières manifestations tout d’abord traditionnelles de chasse sur l’eau puis purement sportives et de loisirs. Les régates attirent une foule nombreuse à la Nautique qui devient le lieu à la mode accueillant les célébrités comme l’aviateur Jules Védrines et les notables Ernest Ferroul et Félix Aldy.

Malgré les interruptions tragiques des guerres la SNN ne cesse de jouer pour Narbonne le rôle d’organisateur de fêtes et de loisirs sportifs ou non (bals masqués, carnavals, tennis…). Cependant la voile reste au cœur de son existence ; sa pratique se démocratise par l’arrivée de nouveaux modèles de bateaux -le fameux Optimist- et la création de l’école de voile en 1960 avec le creusement d’un troisième bassin permettant de doubler la capacité du port. Petit à petit la Nautique, roselière aux abords sauvages, est devenue Port-la-Nautique, abritant 250 bateaux. Toujours gérée par la SNN qui en est le concessionnaire, le Conservatoire du littoral est quant à lui propriétaire d’une grande partie des terrains qui bordent l’étang et des îles. Les deux organismes travaillent alors en symbiose à la préservation de cet environnement remarquable.  

Deux riches fonds photographiques illustrent cette épopée sportive, maritime et sociétale : le fonds de la Société Nautique Narbonnaise elle-même (cote : 38 Dv), de 1907 aux années 1950, complété par la Collection Jean-Jacques Lapeyre (cote : 65 Dv).  La famille Lapeyre fut très présente pendant toute la durée des activités de la Nautique. Jean-Jacques Lapeyre fut à la fois président de la Société nautique de Narbonne (SNN) de 1940 à 1942 et animateur des festivités, à l’initiative des réjouissances carnavalesques.