Archives départementales, Patrimoine

Les systèmes médiévaux de datation

Datation charte
AD 11 H 45/6 © Archives départementales de l'Aude

En termes de diplomatique, deux cas peuvent se présenter lorsque l’on est confronté à un acte. Soit il est daté, et il faut alors vérifier l’authenticité de cette date, soit il ne l’est pas, et il faut alors essayer de le dater.

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Les hommes du Moyen Âge sont très attentifs à la datation, par nécessité juridique. Notre langue en porte encore la trace : la formule « Datum… » qui signifie « donné le… » a engendré le mot « date » en français.

Comment établissait-on une date au Moyen Âge ?

Dérivant du système romain, la datation s’établissait selon les règnes. Ce système se développa également à la chancellerie de la papauté (actes datés selon les pontificats). La datation selon l’ère chrétienne mit longtemps à se développer en France et il faut attendre le XIe siècle pour que cette formule s’impose dans les actes épiscopaux ou princiers.

 

Exemple ci-dessous : 

« Anno Domini millesimo quadringentesimo octavo die sextadecima mensis septembris Domino Karolo Dei gracia Francorum rege regnante » - En l'an 1408, le 16 septembre, sous le règne de Charles [VI] roi des Francs.

 

Quand débute l’année ?

Dater selon l’ère chrétienne impose également de choisir quand débute l’année, c’est ce qu’on appelle le style. Les plus employés sont le style de Noël (l’année commence donc le 25 décembre) et le style de Pâques (fête mobile), mais il existe aussi le style de l’Annonciation (25 mars) ou le style de la Circoncision (1er janvier). On utilise l’expression « nouveau style » (abrégée en « n. st. ») pour indiquer que l’on a transformé la date du document pour la faire correspondre à notre datation actuelle (début de l’année au 1er janvier). A contrario, l’indication « ancien style » (abrégée en « a. st. ») montre que la date n’a pas été modifiée.
 

Soyons encore plus précis

Les actes comportent parfois une date encore plus précise, avec le jour et le mois de l’année. Trois systèmes de datation permettaient de se situer à l’intérieur d’une année.
- le système romain, en usage jusqu’au XIIIe siècle : le calendrier est rythmé selon les calendes (premier jour de chaque mois), les nones (entre le 5e  et le 7e jour du mois) et les ides (entre le 13e et le 15e jour du mois selon le nombre de jours dans le mois).
- le quantième du mois : c’est notre fonctionnement actuel
- la référence à une date importante du calendrier liturgique : avant une grande fête, par exemple le jeudi avant la Saint-Paul, le mardi après l’Ascension…
 

Exemple ci-dessous : « V des ides d’octobre de notre pontificat, première année », soit le 11 octobre (cinquième jour avant les ides) 1394 (le pape est alors Benoît XIII).

Et si l’acte n’est pas daté ?

Quelques éléments relevés dans le document peuvent aider à dater un acte : les personnages cités et leurs fonctions, la mention d’évènements connus.
La diplomatique a également recours aux caractères externes pour dater un document : sceau, écriture, adresse (située dans le protocole), vocabulaire employé…