Archives départementales

Petites histoires d'archives #3_Préparation du passage de Louis XIII à Castelnaudary

© AD AUDE

Afin de lutter contre les rebellions protestantes en Bas Poitou, le roi part de Paris le 20 mars 1622. Il décide ensuite de rejoindre le Gard pour désamorcer d’autres révoltes. Le roi et son armée continuent donc leur route, contournent Toulouse et cantonnent à partir du 3 juillet à Castelnaudary où ils restent une dizaine de jours, Louis XIII étant malade.

Un texte du 14 juin 1622 nous éclaire sur l'ornementation de la ville pour célébrer dignement l’arrivée du roi.

Cette chronique est proposée dans le cadre des Petites Histoires d'Archives, retrouvez chaque semaine une nouvelle histoire et découvrez d'autres histoires ici

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Ce document, composé de 6 feuillets papier, est un contrat passé entre les consuls de la ville, les députés et syndic du diocèse de Saint-Papoul et le sieur Varin, peintre, et maître François Béranger, menuisier, il est enregistré par maître Jacques Andrieu, notaire royal de Castelnaudary.

    
L’article premier stipule par exemple que Varin et Béranger devront, à leurs frais, réaliser « un pourtal placardé et affiché à la porte de la ville, orné de corniches, frises, architraves, chapiteaux, colomnes et piedestaux de la plus belle invention que led(it) paintre pourra excogiter, embely de plus haultes colleurs quy se pourront employer à la detrampe pour fere marbres, jaspes, pierres pretieuses, bronzes et metaux à l’ornement dud(it) portal ». 


Sur la corniche il y aura un piédestal sur lequel sera représentée la scène suivante, en l’honneur du roi : « les nimphes et nayades du pais de Lauragues ont quitté les boix et les champs pour se randre en ceste ville pour randre l’honneur et l’omage deub à sa magesté et combler sa venue de toutte sortes de felicités ». Une autre nymphe en bois, dont la robe sera peinte en bleu pour rappeler l’importance du pastel dans cette région et la couleur royale, doit être placée à côté.

Elle doit avoir sur sa poitrine « un chasteau painct pour monstrer et indiquer Castelnaudarry, ville capitalle de lauragues ». Cette nymphe offrira au roi « ung cœur et les clefs de la ville, et de sa main gauche, une corne d’amalthée de laquelle sortira quantité de feuilhes de pastel, espicz de bled, d’orge, d’avoyne, pomes et raisins,  tenant à son bras gauche ung ruban bleu quy servira d’attache à un chien blanc couchant quy sera à ses pieds, l’offrant pour homage de fidellité et homage deub à sa magesté par les comptes de lauragois ».


    Le second article stipule que le menuisier et le peintre devront réaliser une façade divisée en deux portaux, placée contre les maisons de deux consuls. Sur un piédestal doit être représenté « nostre roy armé en Mars ». Sur un tableau à la détrempe, « la bataille qu’eust nostre prince contre monsieur de Sobize et les rebelles de La Rochelle sur les Sables d’Olonne ou ils furent deffaicts et mis en routte » doit rappeler le contexte des Guerres de religion qui ont amené le roi à venir à Castelnaudary. 
    D’autres portes et tableaux doivent être réalisés, faisant appel aux personnages antiques et valorisant les faits d’armes du roi Louis XIII : « seront represantes deux Herculles,  l’un esgorgera un lion, l’aultre brullera un hydre, et au millieux de ces deux Herculles sera un piedestal sur lequel paroistra nostre roy arme de touttes pieces, le pistollet et l’espee en sa main, ayant un gueryon abatu et mort a ses pieds ; dans son pied destal sera un quatrain disant que les rebelles monstres du royaulme de France sont abatus et vainqus par la valleur de nostre prince quy est nostre vray Herculle francoys ».


    Enfin, le quatrième article porte sur la réalisation d’une pyramide évoquant les villes prises récemment par le roi en Lauragais : « S’obligent […] fere une piramide quadrangulaire tres grande et tres haulte, […] à quatre faces, à l’une desquelles faces sera painte la ville du Mas Sainctes Puelles, sacagée et mise en feu et aulx aultres troyes faces Revel, Sourese et Caramaing, sacagés et bruslés du mesme que le Mas. La piramide sera toutte painte  de la plus belle invention qu’il parsemes de trophés de guerre, courones ».

 

Le roi fut soigné par le célèbre Pierre-Jean Fabre, connu aussi pour être alchimiste, et deux autres médecins de Castelnaudary. Fabre diagnostique une dysenterie et réussit à soulager le roi de ses maux de ventre. Il put ainsi reprendre la route le 14 juillet. 

Par ailleurs, c'est pendant cette période que fut réalisé, par le Maréchal de Bassompierre, le siège et le démantèlement du village fortifié protestant de Mas-Saintes-Puelles.

Document provenant de la collection du docteur Paul Cayla et donné aux Archives par son fils Jean Cayla en 1962.

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