" Pourvu qu'ils tiennent ! " Soldats et civils dans la Grande Guerre

Retrouvez une sélection de documents traitant de la Première Guerre mondiale, principalement issus de nos fonds et librement utilisables en classe, ainsi que d'autres documents téléchargeables et une médiagraphie.

Pourquoi ce titre?

Ce titre fait référence à un dessin du caricaturiste Jean-Louis Forain paru le 9 janvier 1915, dans le journal L’Opinion. On y voit deux poilus dans une tranchée. L’un dit à l’autre " Pourvu qu’ils tiennent. – Qui ça ? – Les civils. " A l'époque, cette caricature provoque une polémique énorme et donne lieu à une chanson " Ohé m'sieur Forain ", composée par Aristide Bruant et créée par une des plus grandes vedettes de l’époque, le comique troupier Polin. Dans cette caricature, Forain montre les difficultés rencontrées par les civils et les soldats pendant la Première Guerre mondiale, et renverse la vision traditionnelle qui met généralement les mots " Pourvu qu'ils tiennent " dans la bouche des civils.

Documents d'archives

Retrouvez cette caricature dans le pdf téléchargeable dans le titre.

Ecoutez une version de la chanson " Ohé m'sieur Forain " par le choeur de Radio France.

 

 

Pourquoi le 11 novembre est-il un jour férié ?

Le 11 novembre est un jour de souvenir : c'est la commémoration de l'armistice du 11 novembre 1918. Ce jour-là, on reconnaissait la fin provisoire de la Première Guerre mondiale entre les Alliés et l'Allemagne. Cet armistice avait une durée initiale de 33 jours, mais a ensuite été renouvelé plusieurs fois. La véritable fin de la Première Guerre mondiale est entérinée en 1919 grâce à une série de traités, dont le plus célèbre est le traité de Versailles signé le 28 juin 1919. 

Dans nos archives 

Les Archives départementales de l'Aude-Marcel Rainaud vous proposent un dessin humoristique de Pierre Dantoine, " le 11 novembre ", dessiné autour du 11 novembre 1918 et extrait d'un recueil sur la Grande Guerre publié vers 1920 (1 Fi 345). Il présente une légende en occitan, dont voici la traduction :

  • "Louiset, je te dis que tu peux sortir, la guerre est finie ! 
  • Pas possible, le cœur me bat comme un croupion de pie ! "

Ce dessin nous montre l'incrédulité des soldats face à la fin des combats et le traumatisme durable provoqué par la guerre sur ces hommes.

Voici également la une de La Dépêche du Midi du 12 novembre 1918, qui annonce la signature de l'armistice entre la France et l'Allemagne sous le titre " La guerre est finie " (588 PER 50).

Qui part au front ?

La première campagne de mobilisation a eu lieu du 2 au 18 août 1914. Elle concernait les hommes en âge d'assumer leurs obligations militaires, c'est à dire de 21 à 49 ans, et sans handicap. Tous les hommes n'ont pas été mobilisés en même temps. Certains furent en effet appelés plus tard, car il fallait assurer un fonctionnement normal de la France. D'autres campagnes de mobilisations ont eu lieu tout au long du conflit, quand le besoin de renforts se fit sentir et au fur et à mesure du retour des morts et des blessés. Par dérogation, certains hommes, à partir de 17 ans, se sont engagés volontairement.

Dans nos archives 

Nous vous proposons un avis de mobilisation générale en date du dimanche 2 août 1914 (1 M 647/2) ainsi qu'un état numérique des fonctionnaires relevant du Ministère de l'Intérieur du point de vue de leur situation militaire (1 R 4). Ce dernier document révèle qu'il y a trois catégories de situations militaires : mobilisés, dégagés des obligations militaires (pour les blessés ou les handicapés par exemple), ou encore mis en sursis (mobilisables plus tard).  

Qui reste à l'arrière ?

Comme évoqué plus haut, tous les hommes n'étaient pas mobilisés en même temps pour pouvoir assurer un fonctionnement normal de la France. Mais les morts et les blessés, ainsi que les mobilisations successives, ont rendu nécessaire le remplacement des hommes partis au front, en faisant appel à plusieurs catégories de population :

  • les retraités, rappelés à leurs anciens postes ;
  • les femmes, recrutées massivement pour remplacer les instituteurs ; 
  • les soldats blessés ou mutilés, reclassés sur des tâches compatibles avec leur état de santé ; 
  • les instituteurs, qui faisaient office de secrétaires de mairie dans certaines communes en plus de leur emploi ;
  • les instituteurs en formation à l'Ecole normale, appelés en remplacement des instituteurs mobilisés, car ils ont moins de 21 ans et ne sont donc pas, en principe, mobilisables. 

Dans nos archives 

Nous vous proposons un document administratif tiré du fonds de la préfecture de l'Aude qui met en lumière ces remplacements, en date de janvier 1916 (1 R 4).

Que font les femmes en temps de guerre ?

Avant la Première Guerre mondiale, on comptait beaucoup de femmes au foyer, qui s'occupaient de la maison et des enfants. D'autres, comme les femmes d'agriculteurs, occupaient également un emploi dans l'exploitation de leur mari, sans être clairement salariées. La période de guerre généralise l'emploi des femmes, soit pour remplacer leur mari à la tête de l'exploitation, soit dans les usines pour contribuer à l'effort national, ou encore à des postes administratifs ou d'institutrices. C'était un premier pas vers l'émancipation de la femme, mais il restait encore beaucoup de chemin à parcourir. En effet, les Françaises n'ont obtenu le droit de vote qu'en 1944 alors qu'il fut accordé aux Britanniques, aux Autrichiennes, aux Allemandes, aux Hongroises ou encore aux Américaines blanches après la fin de la Première Guerre mondiale. 

Dans nos archives 

Nous vous proposons plusieurs documents illustrant cette question :

  • une affiche du Ministère de l'Agriculture ordonnant aux femmes de remplacer les hommes aux champs, pour contribuer à l'effort de guerre (10 M 220) ; 
  • une carte postale d'une femme aux champs datant de 1914 (3 Fi 260), qui montre le double rôle des femmes pendant la guerre : travailleuses et mères ; 
  • un diplôme décerné à Marceline Bonnery par le Conseil général de l'Aude après la guerre, pour avoir remplacé son mari à la tête de leur exploitation (28 Dv 25/1). Ce diplôme est une allégorie du travail des femmes aux champs dans l'effort de guerre, au même titre que celui des hommes au front. Il peut être également lu comme une récompense pour un remplacement et non pour l'exercice d'un métier. Une fois la guerre terminée, la femme, remerciée de son effort, peut donc revenir à sa condition d'avant-guerre.

Et la jeunesse ?

L'école a été maintenue pendant toute la Première Guerre mondiale : l'instruction était donc une priorité pour le gouvernement. On voit aussi de nombreux appels lancés à la jeunesse par l'Etat pour participer à l'effort de guerre, notamment en contribuant aux travaux des champs. 

Dans nos archives 

Les " jeunes enfants " sont évoqués sur l'affiche de l'appel aux femmes, présenté en réponse à la question précédente (10 M 220).

L'affiche suivante est un appel des ministres de l'Agriculture et de la Justice à la jeunesse scolaire pour aider les travaux des champs (10 M 222). Elle souligne que la simple présence des femmes et des vieillards ne suffit plus pour assumer ces tâches, et invite les lycées, collèges et écoles à former des équipes de jeunes volontaires afin de participer à l'effort de guerre. 

Les instituteurs, précieux témoins de la vie à l'arrière.

Nous avons déjà évoqué le maintien de l'instruction en temps de guerre et le rôle des instituteurs comme suppléants des secrétaires de mairie partis au front. Le ministre de l'Instruction publique, Albert Sarraut, appelle également les instituteurs et les institutrices à conserver toutes les traces de l'histoire exceptionnelle qui s'écrivait sous leurs yeux, de façon très précise et officielle. Une charte évoquait même tous les contenus possibles de ces " livres d'or ", qui restent un témoignage rare de cette époque. 

Dans nos archives 

  • Une vingtaine de ces " livres d'or " ont été recensés dans le département. Nous avons choisi de vous présenter deux pages des notes sur les événements et incidents divers survenus dans la commune de Thézan, rédigés par Augustin Hyspa, l'instituteur du village. Il y détaille scrupuleusement toute la vie du village, mois par mois.
  • Nous avons également extrait deux pages d'une monographie communale de Villarzel-du-Razès, réalisée durant cette période (deux cahiers d'écoliers avec photos de soldats). On y retrouve deux biographies très précises de soldats morts sur le champ de bataille.
  • Vous trouverez aussi d'autres évocations de ces cahiers d'instituteurs dans la "Petite histoire d'Archives #4 des villages en guerre" .

Bibliographie

 

Les Archives départementales de l'Aude-Marcel Rainaud  proposent une bibliographie pour aider les professeurs à aller plus loin dans leurs recherches.

  • S. Audoin-Rouzeau, A. Becker, La Grande Guerre, 1914-1918, Paris, 1998, Découvertes, Gallimard, n° 357.
  • S. Audouin-Rouzeau et A. Becker, 14-18, retrouver la guerre, Paris, Gallimard, 2000.
  • S. Audouin-Rouzeau et J.-J. Becker (dir.), Encyclopédie de la Grande Guerre, 1914-1918 : Histoire et culture, Paris, Bayard, 2004.
  • A. Becker, Les Monuments aux morts, mémoire de la Grande Guerre, Paris, Errance, 1989.
  • J.-J. Becker, La France en guerre, 1914-1918, la grande mutation, Paris, éditions Complexe, 1996.
  • B. Cabanes, E. Husson (dir.), Les Sociétés en guerre, 1911-1946, Paris, Armand Colin, 2003.
  • J.-P. Gueno (dir.), Paroles de Poilus, Librio, n° 245.
  • G.-L. Mosse, De la Grande Guerre au totalitarisme. La brutalisation des sociétés européennes, Paris, Hachette, 1999.
  • R. Prior et T. Wilson, La Première Guerre mondiale 1914-1918, collection « Atlas des guerres », Paris, éditions Autrement, 2001.
  • 1914-1918, La Grande Guerre, Les collections de l'Histoire, n° 21, octobre-décembre 2003.

Elles proposent également un ensemble de documents téléchargeables et une sitographie dans l'encart Le coin du prof .

 

La Grande Guerre dans l'Aude

En plus des ressources de portée "générale" sur la Grande Guerre, la bibliothèque des Archives possède un certain nombre de documents consacrés à cette période et sur la façon dont elle a été éprouvée dans le département.

Monographies

  • ABBE Geneviève, BASTIDE Rémi. La Grande Guerre 1914-1918 à Villeneuve-les-Corbières, Aude. Villeneuve-les-Corbières : Association du patrimoine villeneuvois, 2014. - 1 vol.
    Cote : C°1705
  • ARMENGAUD Auguste. La Grande Guerre : Belpech et son canton. Belpech (Hôtel-de-Ville, 11420) : Société d'histoire de Belpech et du Garnaguès, 2019. [Exposition, rencontre ...] 
    Cote : C°5215
  • MORIN Claude. La Grande Guerre des images : la propagande par la carte postale, 1914-1918. Turquant (49) : L'à part, 2012. - 287 p.    Cote : D°4912
  • Archives départementales de l'Aude ; présentation Rémy Cazals. La Grande Guerre 1914-1918 : photographies du capitaine Hudelle. Carcassonne : Conseil général de l'Aude, 2006. - 126 p.
    Cote : E°1088
  • La Grande Guerre : blessures et cicatrices : photographies de Jean Richardot / [catalogue de l'] exposition présentée aux Archives départementales du 21 avril au 14 juin 2006. - Carcassonne.
    Cote : E°1089
  • GARCIA Eve, GARCIA Claude. Un village pendant la Grande Guerre: 14-18, Castelreng. Castelreng : Association Lecture, Culture, Patrimoine, [s.d]. 1 vol. 146 p.
    Cote : E°1683

Articles

  • DAUZAT M. Aspects de la vie à Castelnaudary (Aude) durant la Grande Guerre. Dans : Pages Lauragaises, n° 9, 2018, p. 119-149.
  • CAPERA J.C, CHATEL G. De la Montagne Noire au coeur des combats de la Grande Guerre. Dans : Patrimoines, vallées des Cabardès, cahier n° 11, 2016, p. 61-70.

Tous ces documents peuvent être consultés sur place.