Recette du vinaigre des quatre voleurs!

Les enquêtes généalogiques mènent parfois à de drôles de découvertes !

C’est en faisant des recherches dans les registres paroissiaux de Couiza que Catherine Clergue a découvert cette recette contre la peste, écrite sur un feuillet perdu au milieu des actes et daté de 1721 (document coté AC 103/1 E 3).

Transcription du texte

« 1721 Remède préservatif pour la peste, et fievres malignes, dit vinaigre des quatre voleurs.

Il est ainsi dit, a cause que dans un temps de peste, a Toulouse quatre voleurs se meloint parmy les pestiferés et pilloint impunement dans les maisons infectes sans prendre le mal, lesquels voleurs ayant été pris et condamnés declarerent le preservatif suivant.

Prenés deux pots de bon vinaigre dans lesquels il faut mettre une poignée de rüe, autant de sauge, autant de menthe, autant de romarin, autant de lavande autrement dit aspic, autant de petit absynthe, autant de marjolaine, faites infuser le tout pendant huit jours sur des cendres chaudes ou au soleil, coulés ladite liqueur en exprimant les herbes, faites y fondre ensuitte une once de canfre, ce que vous garderés dans une bouteille.

De cela il faut s'en frotter les temples, les narrines et en rincer la bouche tous les jours »

Recette du vinaigre "des 4 voleurs"

 

Inventé à une date indéterminée, le vinaigre dit « des 4 voleurs » est donc une macération de plantes aromatiques et médicinales possédant des propriétés antiseptiques.

La légende de son origine et sa composition font l’objet de variations.

Toutefois, il était censé protéger des maladies épidémiques et notamment de la peste.

Il fut en tout cas inscrit au codex de la pharmacopée française en 1748 et est toujours fabriqué de nos jours.

En outre, la date du feuillet rédigé par le curé n’a rien d’étonnante.

Elle se place en effet dans le cadre de la dernière grande épidémie de peste en France, dite de Marseille ou de Provence, qui débute en juin 1720, menace le Languedoc et ne s’achève qu’en 1722 après avoir fait environ 100 000 victimes.

Enfin, cette note est également bien représentative de la crainte constante des épidémies qui traverse la société d’Ancien Régime jusqu’au milieu du XVIIIème siècle.

Elle semble d’ailleurs préoccuper tout particulièrement notre curé couizanais, féru de plantes médicinales, qui à parsemé ses registres paroissiaux de recettes médicales : contre les fièvres intermittentes, la fièvre quarte, l’asthme…etc.

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