Archives départementales, Patrimoine

Le patrimoine ferroviaire audois #2 Création du réseau ferré dans l’Aude

AD 11 3 Fi 4422 © Archives départementales de l'Aude

A côté du réseau principal (la ligne Bordeaux-Sète créée par la Compagnie des Chemins de fer du Midi) se met en place un réseau secondaire de trains et de tramways à vapeur irriguant les campagnes audoises. Pour ces deux réseaux, on multiplie donc les aménagements de tous types. Partout, le train permet de désenclaver les zones rurales et facilite le commerce.

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Les Audois furent en grande majorité favorables au principe du chemin de fer, mais les propriétaires devant être expropriés étaient davantage réticents, de même que les viticulteurs qui craignaient que la fumée du charbon, dégagée par la locomotive, ne soit nocive pour les vignes. Or, entre Carcassonne et Narbonne, impossible de ne pas traverser les vignes ! Le problème se pose également en 1856, lorsque le projet d’une ligne Carcassonne-Quillan voit le jour. Elle aussi est obligée de traverser des vignes, celles de la fameuse Blanquette de Limoux.

Les trains, malgré leur modeste vitesse de circulation, étaient quand même bien plus rapides que les tractions animales. Les vignes n’ont pas paru se porter plus mal après leur mise en circulation, mais certains opposants se plaignaient de moutons écrasés et de bœufs ou de chevaux laminés sur les rails. Ces nouvelles ou ces rumeurs étaient, semble-t-il, relayées par la Compagnie du Canal du Midi, qui s’inquiétait du succès grandissant du chemin de fer. La vitesse grandissante effrayait également certaines personnes qui pensaient qu’elle pouvait être source de soucis pour l’organisme, allant des vertiges à la crise de folie. De plus, quelques accidents survenus à divers employés de la compagnie n’ont pas pu être empêchés.

En 1893, le Conseil Général de l’Aude chargea le service vicinal d’étudier le projet d’un réseau de tramways, de telle sorte que tous les chefs-lieux de canton soient desservis. La Compagnie des Tramways à Vapeur de l'Aude (TVA) est alors formée le 7 novembre 1898, succédant à l’entrepreneur Hugues Bardol. Sa durée de vie fut brève, mais les tramways permirent pendant quelques décennies de désenclaver certains villages et le développement du commerce. La plupart des lignes sont ouvertes entre 1901 (la première étant celle reliant Carcassonne à Caunes, inaugurée le 10 mars 1901) et 1905. L’exploitation se développe rapidement (36 kms de lignes en 1901, 174 kms en 1903), mais le matériel est livré lentement. Quarante-cinq locomotives de type 030 sont construites par Corpet-Louvet.

Le réseau forme un ensemble de 342 kilomètres à travers tout le département et se prolonge même de 20 kms dans l’Hérault. Il existait des gares de jonction avec le réseau de la Compagnie des Chemins de fer du Midi, comme celles de Castelnaudary, Bram, Carcassonne, Lézignan et Narbonne. Les trains circulent à une vitesse maximale de 20 km/heure. Les premières années ne sont pas rentables et le déficit s’accroit, comblé en partie par le Conseil Général. La suppression du réseau est évoquée dès 1925 et les trains cessent de circuler en 1931.

Plusieurs gares et ouvrages d’art sont alors construits dans l’Aude pour accueillir ces deux moyens de déplacement modernes.