Dans la Bib' à Léon #7 Au-delà du droit canon... Les sentiments

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Le très rare Collectiones decisoriae, ex quinque libris, epistolarum decretalium Gregorii Noni, pontificis maximi (Collection d’arrêts des cinq livres des décrétales de Grégoire IX) de Ioannis Médaille est un volumineux recueil de droit canon. Paru en 1653, dédié aux Etats du Languedoc, cet ouvrage est remarquable à plus d’un titre…

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L’auteur 

Ioannis (Jean) Médaille, avocat du Roi est le fils d’un autre Jean, également premier avocat du Roi dans la sénéchaussée de Carcassonne, de Béziers et au présidial (tribunal de justice de l’Ancien Régime) de Carcassonne. Ainsi avec Jean (le père), débute une dynastie de jurisconsultes qui s’étendra jusqu’au siècle suivant. Le nom s’ornera d’une particule à partir de 1697 lorsque Jean (le troisième) achètera des armoiries.
Dans la même famille, Jean-Pierre, frère de l’auteur, est à l’origine en 1648 de la fondation des Sœurs de Saint-Joseph. Il accompagne la création de cette congrégation qui permet de répondre au souhait de certaines femmes de soulager toutes les «misères corporelles et spirituelles» non plus dans mais hors de l’enceinte d’un cloître. Conception très nouvelle à l’époque.

L'éditeur

Salvy Daspe, libraire signe en 1643 un contrat avec les consuls de la ville afin d’installer la première imprimerie de Carcassonne vraisemblablement rue de la Pélisserie (actuelle rue Aimé Ramod) où il possède une maison mitoyenne de celle de… Jean Médaille. Le livre Collectiones decisioriae... daté de 1653 serait ainsi son deuxième ouvrage publié (le 1er intitulé «L’âme généreuse en trois traitez» de Jean de Dieu fut publié en 1648 et est conservé à la médiathèque de Carcassonne Agglo). Comme pour la famille Médaille, avocats du Roy de père en fils, chez les Daspe, le métier d’imprimeur ne sort pas du giron familial. Paul le frère et Philippe le fils poursuivent l’activité lancée par Salvy, puis c’est au tour du petit-fils Pierre Coignet et enfin de l’arrière-petit-fils, Jean-Baptiste Coignet de reprendre le flambeau jusqu’en 1766 environ. 
La bibliothèque de Léon Nelli possède deux autres ouvrages sortis des presses de l’imprimerie Daspe-Coignet : 

  • ROSSEL Daniel.  La consolatrice du monde, archétype, angélique, sublunaire, à l'honeur de la Vierge invoquée sous le titre de Nostre Dame de Consolation au couvent des Minimes prés la ville de Béziers. Carcassonne, Salvy Daspe. In-8°, 138 p. (rel. moderne). Cote N°299
  • SEGUIE RP. Pieuses réflexions sur les principales vertus de saint François de Paule, ou formules d'oraison à l'usage de ceux qui désirent célébrer avec fruit la neuvaine… Carcassonne, P. Coignet. In-12°, 24 p., 1721.  Cote N°163/9
     

L'ouvrage

De très belle impression avec le frontispice gravé tout comme les têtes de chapitre et les lettrines, cet ouvrage comporte un ex dono d’un Roquefort, prêtre en 1718, un ex-libris d’un autre Roquefort et surtout sur les contreplats deux annotations à la fois mystérieuses et amoureuses. Toutes deux sont signées de Franciscus de Ulmo, chevalier de Roquefort (eques de Rupeforti) à l’attention d’une Renata de Médaille «fille d’Anthoine», oncle de l’auteur du livre (?). Cette jeune femme «très chère amie, très amante et très belle» a semble-t-il été promise à un autre destin que celui de partager la vie de ce chevalier qui en exprime ici une douleur éternelle…
Qui était ce Franciscus de Ulmo ? Qu’est devenue Renata de Médaille ? Pourquoi cette fin tragique à leur histoire d’amour ?
Pour le moment, aucune réponse à ces questions… 
 

Pour en savoir plus sur :

Les sœurs de Saint Joseph :

  • GONDAL Marie-Louise. Les origines des Sœurs de Saint-Joseph au XVIIe siècle : histoire oubliée d'une fondation : Saint-Flour-Le Puy, 1641-1650-1661. Paris : les Éd. du Cerf, 2000. 1 vol., 608 p. (Histoire)  Cote D°2929

Les imprimeurs de Carcassonne

  • COSTEPLANE Juliette. Les imprimeurs de Carcassonne des origines au début du XXe siècle. Bulletin de la Société d’Etudes Scientifiques de l’Aude, 1991, Tome LXXXXI, pp. 177-186. Cote 17PER98