Les fonds d'archives de la Retirada et de l'exil des Républicains espagnols dans l'Aude

Dans l’Aude, trois camps d'internement pour les réfugiés espagnols s’ouvrent successivement en 1939 : Montolieu (30 janvier), Couiza-Montazels (8 février) et Bram (16 février). Le camp de Montolieu a l'existence la plus brève puisqu'il ferme dès le 2 septembre de la même année. Celui de Couiza-Montazels fonctionne jusqu’au 10 mai 1940, tandis que le camp de Bram est alors quasiment vidé de ses internés, à l’exception de 450 mutilés et invalides. Le 25 mai, ce dernier accueille toutefois à nouveau plusieurs centaines d’hommes et environ 3000 femmes et enfants, transférés depuis le camp d’Argelès désormais destiné à l’accueil de jeunes soldats belges. Le camp de Bram est fermé définitivement le 15 janvier 1941. Seuls sont alors maintenus quelques baraquements destinés à abriter le 422e Groupe de Travailleurs Etrangers (G.T.E.). 

En plus de leurs histoires spécifiques, les trois camps audois ont aussi des profils très différents. Camp "généraliste", ayant abrité jusqu'à 16 000 personnes, Bram est un gros centre d'internement, construit spécialement, qui accueille en majorité des hommes, mais aussi des femmes et des enfants. Au contraire, les camps de Couiza-Montazels et de Montolieu sont de petite taille et réutilisent des bâtiments industriels déjà existants. A Montazels, on ne regroupe que des femmes, considérées comme de dangereuses révolutionnaires, et leurs enfants. A Montolieu, inversement, ne sont internés que des hommes, majoritairement des intellectuels (universitaires, artistes, étudiants,...) ou des membres des classes sociales élevées (médecins, avocats, fonctionnaires,...). Dans un cas comme dans l'autre, le nombre des internés oscille autour de 500 personnes.

 

Les archives de ces trois camps sont conservées aux Archives départementales, dans les fonds préfectoraux (sous-série 4 M). Elles comprennent nombre de documents purement administratifs relatifs à leur organisation, leur fonctionnement et leur gestion par l'administration, mais aussi les principales sources nominatives sur les réfugiés internés. Y figurent, pour les trois camps, des listes nominatives d’internés et des fiches individuelles d’entrée. Pour le camp de Bram, existent en plus des fiches individuelles de sortie et des dossiers individuels, comprenant plusieurs pièces, constitués dans le cadre de démarches administratives (recherche de travail, rapprochement familial, retour en Espagne,…). Certains internés peuvent donc apparaître à la fois sur une liste, une fiche individuelle d’entrée, de sortie, et avoir fait l’objet d’un dossier administratif. Ce sont ces sources nominatives, permettant de retracer le parcours des réfugiés, qui font l'objet d'une numérisation et d'une mise en ligne. 

 

Outre ces sources administratives, la mise en ligne des archives de l'exil concerne aussi des documents privés. Confiés ou prêtés aux Archives départementales à partir de 2007, puis numérisés (sous-séries 7 à 12 Dv et 21 Dv), ils sont d'une réelle richesse et d'une grande variété. On y trouve notamment des correspondances, des papiers personnels, de la documentation politique, des articles de presse et des photographies ou cartes postales. Toujours porteurs d'émotion, ils fournissent des renseignements supplémentaires sur certains destins individuels et sont représentatifs des archives conservées dans les familles des réfugiés.