Crimes, brigands et mystères audois #2 Triple assassinat au Petit-Baliste (1887) Episode 3 : Siadous disparaît

Détail montrant Baliste sur une carte d'une partie des départements de l'Aude et de l'Hérault (Bize-Minervois-Narbonne-Béziers) Fin XIXe s. , 1 Fi 201 © AD11

Quelques jours passent. Retrouvons dans ce troisième épisode trois articles du Courrier de l'Aude en date des 19, 21 et 22 juin 1887 faisant état de la mystérieuse et inquiétante disparition de Siadous ainsi que de nouvelles rumeurs sur le crime... qui ne remettent pas en cause la culpabilité des espagnols. 

Cette chronique est issue de la saison 2 de la collection Crimes, brigands et mystères audois, aussi disponible en audio.

 

 

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Triple assassinat au Petit-Baliste près Narbonne : disparition de Siadous, Courrier de l’Aude du 19 juin 1887

Nous apprenons que Siadoux a disparu depuis vingt-quatre heures. Depuis le jour du crime, Siadoux était venu à Narbonne et logeait chez son maître, M. Pascal, affineur à la Porte-Neuve. Il se rendait deux fois par jour à l'hôpital où on pansait la blessure qu'il a reçue au côté. Mais depuis vendredi à 2 heures de l'après-midi, il n'a été revu ni chez M. Pascal ni ailleurs. On craint qu'il n'ait mis fin à ses jours. En effet, depuis le jour du crime, Siadoux était très affecté ; il ne mangeait presque rien et sa santé déclinait à vue d'oeil. Ce sera la quatrième victime de l'horrible attentat du 13 juin. C'est sous toutes réserves que nous publions ces renseignements. Nous en attendons la confirmation par notre correspondant.

Triple assassinat au Petit-Baliste près Narbonne : nouveaux détails, Courrier de l’Aude du 21 juin 1887

Nous n'avions pas parlé de la disparition de Joseph Siadous, un de ses proches nous ayant dit qu'il était allé à Coursan, passer quelques jours chez son frère. 
C'est à Coursan tout d'abord qu'on l'a cherché, mais personne ne l'y a vu. On a cru qu'il avait mis à exécution son funeste projet de se suicider pour ne pas survivre à sa femme. 
Nous apprenons à l'instant qu'on le fait chercher à Limoux où paraît-il, il a des parents. S'il n'est pas dans cette ville, il pourrait être à Pamiers, sa ville natale où il a manifesté plusieurs fois l'intention d'aller en convalescence. 
Nous n'avons pas parlé non plus du bruit courant en ville que Siadous pourrait bien être l'auteur des assassinats. Les personnes qui ont fait courir ce bruit méritent un blâme sévère car ces cancans ont été appris par Siadous qui s'en est montré vivement affecté. 
L'autopsie des cadavres et l'inspection des blessures de Siadous ont prouvé surabondamment que cet horrible crime n'a pu être commis que par plusieurs individus frappant simultanément et que le drame s'est déroulé dans moins d'un quart d'heure. 
Cette version du crime faisant retomber la responsabilité sur Siadous n'est donc qu'une manœuvre de police. Nous ne la trouvons pas le moins du monde excusable.
L'enquête se poursuit avec beaucoup d'activité de la part de quelques fonctionnaires, pas tous malheureusement. 
Une découverte importante a été faite dans un champ voisin du théâtre du crime : c'est celle d'un couteau de cuisine, d'une grande dimension, dont la lame et le manche sont couverts de sang. 
Voilà qui pourrait amener un nouveau jour sur l'instruction de l'affaire. Nous tiendrons nos lecteurs au courant. 
A. MOLINIER.
 

Triple assassinat au Petit-Baliste près Narbonne : nouveaux détails, Courrier de l’Aude du 22 juin 1887 

On nous écrit de Lagrasse : 
D'après les journaux, les habitants de Narbonne ignorent ce qu'est devenu le sieur Siadoux, fermier et victime de l'assassinat du Petit-Baliste. 
Ces journaux disent que Siadoux ayant sans doute mis fin à ses jours, des perquisitions ont été faites dans les appartements et dans le puit de la métairie. 
Or, il y a lieu de vous signaler son passage à la métairie Rouge dans la journée de samedi. 
Cette campagne est à 2 kilomètres de Lagrasse ; Siadoux s'arrêta un moment pendant lequel on lui fit prendre quelque nourriture, il montra ses blessures et raconta quelques faits concernant le triple assassinat. 
Après quoi il repartit disant aller chez un oncle à lui qui habite Limoux ; on remarqua surtout que ses idées n'étaient pas bien lucides.