Crimes, brigands et mystères audois

Les terres audoises furent parfois le théâtre de faits exceptionnels, nous vous proposons dans cette rubrique d'en découvrir quelques uns!

#1 Pierre Sourgnes, dit L'Antougnou

Pour cette première histoire criminelle qui va rythmer le mois d'août, nous vous proposons de découvrir petit à petit chaque semaine l'histoire de ce brigand qui effraya les villageois de Cavanac. Cette histoire en quatre épisodes est extraite du journal hebdomadaire Le Moniteur de l'Aude. 

#2 Triple assassinat du petit-Baliste (1887)

La saison 2 de Crimes, brigands et mystère audois s'intéresse au triple assassinat du petit-Baliste près de Narbonne. A travers la presse locale d'époque, l'atroce crime est relaté avec en sous-texte des thèmes d'époque encore brûlants d'actualité: immigration, rôle sociétal des femmes ... Découvrez cette histoire à multiples rebondissements en 5 épisodes du 11 août au 8 septembre 2021

 
En 1887, un triple meurtre perpétré dans les environs de Narbonne (l’actuel quartier de Baliste) fait la une des journaux audois dont certains n’hésitent pas à imputer la faute à trois ressortissants espagnols. A ce moment-là, l’immigration espagnole pour raison économique est importante. Nombre d’hommes arrivent en Languedoc et se mettent au service des propriétaires de « campagnes » comme ouvriers agricoles. Dans un climat politique national instable, cette arrivée de main d’œuvre souvent peu qualifiée mais toujours « bon marché », suscite à la fois racisme et fortes tensions entre « locaux » et immigrés.


Le Courrier de l’Aude, journal impérialiste dont le rédacteur en chef, Maurice Jollivet est un futur partisan du Général Boulanger et La Fraternité, journal républicain dirigé par Théophile Marcou, puis Omer Sarraut relatent les faits… à leur manière.


    C'est une population qui se trouve placée sur le même terrain professionnel que les Capestannais. Comme cette population arrive majoritairement sans qualification, elle assure les tâches les plus pénibles de labour et de défonçage. Les ouvriers français, dans le but de maintenir cette répartition des tâches qui les avantage, vont essayer de gêner l'accès des Espagnols à la pratique des techniques culturales de la taille ou du greffage, considérées comme un privi¬ lège des autochtones. Ils vont accompagner ces stra¬ tégies d'expressions identitaires visant à légitimer cette division du travail ; par exemple, " un travail d'Espagnol " signifie un travail peu soigné, grossier, dépourvu de savoir-faire technique. L'Espagnol, c'est celui qui ne sait pas travailler et qui risque de " saloper " les vignes. 

C'est avec la seconde moitié du siècle que le nombre de travailleurs espagnols en France apparaît d'une certaine importance : ils sont près de 30 000 (29 736) au recensement de 1851, le premier à indiquer la nationalité des recensés, soit la quatrième colonie étrangère après celles constituées par les Belges, les Italiens et les Allemands, peu avant les Suisses. Plus de la moitié des Espagnols est alors localisée dans cinq départements du Sud-Ouest : Basses et Hautes-Pyrénées, Gers, Lot-et-Garonne et Gironde. Le nombre des Espagnols en France augmente régulièrement à la fin du XIXe siècle pour arriver à près de 106 000 au recensement de 1911, en tenant compte du fait que, jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale, les chiffres concernant les étrangers sont très certainement sous-évalués ; les Espagnols représentent alors 9 % de la communauté étrangère, cette fois après les Italiens et les Belges. Ce sont pour la plupart des émigrants agricoles pauvres qui s'installent dès qu'ils trouvent du travail, toujours certes au voisinage des Pyrénées mais aussi dans le Languedoc (Aude, Hérault) et dans la région marseillaise. Originaires pour la plupart des provinces du Levant (Castellon, Valence, Alicante et Murcie) et non de la Catalogne - plus proche mais plus prospère économiquement -, les Espagnols travaillent davantage dans l'agriculture que les immigrés italiens ou belges : plus du tiers d'entre eux sont employés dans ce secteur au début du siècle et plus d'un quart en 1911.


Très majoritairement, il s’agit d’une immigration de travailleurs étrangers et pauvres. En effet, l’essor industriel que connaît le pays dès le Second Empire ainsi que le développement d’une agriculture de marché plus intensive, lui-même lié au phénomène croissant d’exode rural, provoquent en France une forte demande de main-d’œuvre peu qualifiée. Temporaire, saisonnière ou définitive, l’installation des nouveaux venus est donc étroitement liée au marché du travail. De 1850 à 1914, cette immigration reste aussi largement « frontalière », les migrants provenant des pays voisins et s’installant, en fonction des possibilités d’embauche, dans les régions limitrophes.