Jean Marquié, né en 1905 à Belflou à l’ouest de Castelnaudary, est maçon lorsqu’il entame son service militaire en 1925. La France est alors en guerre au Maroc. Il est envoyé le 19 novembre 1925 à Casablanca et ne repart d’Oran qu’en mars 1927.
Présence française au Maroc
Dans la cadre de la colonisation des pays africains, la France occupe dès 1907 la ville de Casablanca et les plaines occidentales du Maroc. En 1912, un protectorat français est mis en place sur l’ensemble du royaume, hormis le nord placé sous la tutelle de l’Espagne. Un soulèvement et des mutineries ont alors lieu à Fès et les Français décident donc de déplacer la capitale du pays de Fès à Rabat. Le Maroc n’obtiendra son indépendance qu’en 1956.
La Guerre du Rif
En 1921, une tribu berbère se soulève contre les Espagnols qui disposent d’une armée de 60 000 soldats. Cette armée disparait quasiment entièrement à la défaite d’Anoual et la République confédérée des tribus du Rif est proclamée en février 1922. Ces tribus espèrent alors provoquer d’autres soulèvements dans la zone du protectorat français. Pour contrer l’offensive militaire sur le Rif, la France envoie le maréchal Pétain avec 250 000 soldats. C’est dans ce contexte que Jean Marquié rejoint le Maroc avec le 37e régiment d’aviation. De nombreux bombardements terrestres et aériens, l’usage d’armes chimiques et la supériorité numérique des français imposent la capitulation aux tribus soulevées en 1926.
L’usage de l’aviation
Le 37e régiment d’aviation est commandé par le colonel Armengaud. Au début de la guerre (avril 1925), l’aviation avait les missions suivantes :
- reconnaître et préciser les positions de l’ennemi (lors du déclenchement de l’attaque rifaine, le commandement militaire n’a qu’une vision fragmentaire de la situation) ;
- découvrir les objectifs de bombardement et les attaquer ;
- ravitailler (en nourriture, en médicaments, en munitions) ;
- assurer la sureté des soldats au sol ;
- participer aux combats
Le travail de l’aviation a permis aussi d’assurer les liaisons entre les colonnes françaises, distantes de plusieurs dizaines de kilomètres (le front s’étend de 100 à 400 km en 1925) et entourées de montagnes, ce qui rend aléatoire toute communication.
Pour les missions de reconnaissance, d’accompagnement de l’infanterie et lors du ravitaillement, les avions étaient obligés de voler à basse altitude, situations alors dangereuses compte tenu des tireurs ennemis et du relief.
Enfin, les bombardements ont été plus difficiles que lors de la Première Guerre mondiale car la population était clairsemée (absence de villes), le relief offrait des abris naturels invisibles pour les aviateurs et les soldats rifains ne montaient pas de camp car ils pratiquaient l’embuscade.
L’aviation aura donc joué un rôle important pendant la guerre du Rif. Elle a su être polyvalente et s’adapter aux conditions bien différentes de celles connues jusqu’alors. Les missions photographiques et les reconnaissances ont été essentielles pour les troupes au sol. Par les bombardements, elle a aussi joué un rôle de destruction et d’intimidation entraînant la soumission des populations.
Bibliographie
Pesquies S., « L'aéronautique militaire française dans la guerre du Rif », Revue du Nord, tome 72, n° 285, avril-juin 1990, p. 317-367.