Crimes, brigands et mystères audois #2 Triple assassinat au Petit-Baliste (1887) Episode 5 : Condamnation et épilogue

L'assassin du Petit-Baliste à Narbonne, le Courrier de l'Aude du 27 novembre 1887 © Médiathèque de Carcassonne Agglo

Dans ce dernier épisode, nous évoquerons le procès de Siadous et sa condamnation, ainsi que l'épilogue de cette histoire par le biais d'une petite compilation d'articles trouvés dans quatre journaux différents. 

Cette chronique est issue de la saison 2 de la collection Crimes, brigands et mystères audois aussi disponible en audio.

 

 

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L’assassin du Petit-Balixte, à Narbonne, le Courrier de l'Aude du 27 novembre 1887 (extraits)

Nous donnons aujourd'hui le portrait de Joseph Siadoux, l'assassin du Petit-Balixte à Narbonne. C'est aujourd'hui que ce misérable est traduit devant la Cour d'Assises de l'Aude. Nous donnerons dans les numéros suivants le compte rendu in extenso de ces palpitants débats. M. Mignucci, Procureur de la République, soutiendra l'accusation. MMe. Mairie et Castel présenteront la défense. 
Nos lecteurs se souviennent des faits : le 13 juin dernier, Siadoux assassina sa femme qui était enceinte et sa belle-soeur. 
Tout d'abord il accusa des Espagnols de ce crime horrible, mais l'instruction établit bientôt que Siadoux en était seul l'auteur. 
Il fut arrêté dans l'Ariège où il s'était réfugié après avoir tenté de passer la frontière.


Acte d’accusation 


Siadous Joseph est accusé :

  1. D'avoir dans la nuit du 12 au 13 juin 1887, au Petit-Baliste, commune de Narbonne, commis un homicide volontaire sur la personne de Jeanne Cécile, sa femme légitime avec cette circonstance que ledit homicide a été commis avec préméditation et encore avec cette circonstance que ledit homicide a précédé, accompagné ou suivi le meurtre ci-dessus spécifié et qualifié
  2. D'avoir, dans les mêmes circonstances de temps et de lieu, commis un homicide volontaire sur la personne de Marie Rougé. avec cette circonstance que le dit homicide a été commis avec préméditation et encore qu'il a précédé, accompagné ou suivi le meurtre ci-dessus spécifié et qualifié. 

La lecture de l’acte d'accusation a provoqué une profonde émotion dans l'auditoire qui n'est pas, il faut le reconnaitre, très favorable à l’accusé.

Interrogatoire de l’accusé


 « Le soir du crime, dit l'accusé, ma femme refusant de m’ouvrir la porte de la maison, je fis sauter le cadre de la fenêtre, j’entrai. Une lutte s’engagea entre ma femme et moi. Je reçois trois coups de couteau. A ce moment je saisis le couteau et je fis le coup ». M. le Président fit observer que d'un coup de couteau, la gorge a été complétement tranchée et l'os lui-même atteint ; que d’un autre coup le cœur a été frappé ; que le couteau a été plongé dans le ventre de cette femme, enceinte de sept mois.

 

Réquisitoire du ministre public

M. le Procureur de la République expose d'abord la version mensongère de Siadoux. Il arrive ensuite à l'exposé des faits tels qu'ils sont passés. Le fait de la préméditation est, d'après lui, complètement établi. Le fait de la provocation, au contraire, doit être entièrement écarté. Le crime en lui-même est horrible et mérite une peine sévère. Le ministère public termine en réclamant avec énergie le châtiment suprême. 


Plaidoirie de la défense 


Me Mairie, défenseur de Siadoux, rappelle ses antécédents, ses malheurs de famille. Il démontre que l'accusé a été provoqué par sa femme et que ses aveux lui valent la pitié du jury. Le jury revient de la salle de délibération avec un verdict affirmatif sur toutes les questions et négatif sur celle de provocation. Il est muet sur les circonstances atténuantes. 
En conséquence, la Cour condamne Siadoux à la peine de mort et dit que l'exécution aura lieu à Narbonne.

Retrouvez les actes de condamnation de Joseph Siadous, issus de nos fonds (2 U 31)

Commutation de peine, L’Alliance du 26 février 1888

Le Président de la République vient de commuer la peine de mort prononcée contre Siadoux par la Cour d'assises de l'Aude en celle d'une comdamnation aux travaux forcés à perpétuité. Dès qu'il a aperçu le magistrat qui venait lui communiquer la bonne nouvelle, l'auteur de l'horrible assassinat du Petit-Balixte, croyant au contraire qu'on venait l'informer que son recours en grâce était rejeté, s'est évanoui. C'est toujours cet effet que la seule image de la mort produit sur les misérables qui l'ont donnée à leurs semblables avec tant de facilité !

Epilogue : Le Rappel de l'Aude du 9 décembre 1892

Mort d'un forçat. — Le maire de Narbonne a reçu la communication officielle de la mort de Siadous, l’assassin du Petit-Baliste, décédé à la Guyanne.
 

Bonus : Le Vigneron narbonnais du 29 novembre 1888

Depuis quelques jours, une troupe de mimes représente sur la scène de l'Alcazar, l'affaire du Petit-Baliste. 
Personne n'a oublié le crime commis par cette brute qui a pour nom Siadoux égorgeant sa femme, son enfant et sa belle-sœur, Siadoux auquel M. Carnot a évité l'échafaud. 
Et ce sont ces hauts faits, qu'on permet d'exhiber dans la ville même où ils se sont passés, et au bout d'une année à peine ! 
On veut ensuite qu'on respecte un Gouvernement qui permet à des pitres de venir singer des magistrats sur des tréteaux ! Allons donc !